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8 oct. 2021
6 min.

Raison Individuelle Suisse Frontalier Vs Auto-Entrepreneur Français

Raison Individuelle Suisse Frontalier Vs Auto-Entrepreneur Français

Vous souhaitez travailler en Suisse à votre compte et profiter de l’activité économique du pays pour faire fructifier votre chiffre d’affaires. En tant que frontalier, vous avez la possibilité de créer votre entreprise en France, ou de vous immatriculer en Suisse.

La question est de savoir quel statut choisir pour bien démarrer votre activité. La Raison Individuelle Suisse Frontalier est-elle adaptée à votre situation ? Vaut-il mieux opter pour le statut d’auto-entrepreneur frontalier ?

Dans cet article, faisons le point sur les avantages et inconvénients de chaque solution, lorsqu’on est frontalier. Raison individuelle suisse Vs auto entrepreneur frontalier, suivez le Guide !

Freelance frontalier suisse, quel statut : indépendant ou auto-entrepreneur ?

À première vue les statuts peuvent sembler identiques, pourtant ce sont deux notions bien différentes.

En France, la micro-entreprise ou l’auto entreprise est l’une des formes juridiques du statut de travailleur indépendant. Le régime fiscal est de ce fait le régime micro-social simplifié et le chiffre d’affaires annuel ne doit pas dépasser un certain seuil : 72 600 € en prestations de services et 176 200 € pour les activités de commerce.

En Suisse, l'indépendant exerce sous le régime de la Raison individuelle.

Il n’y a pas de limites de chiffre d’affaires en Raison individuelle, mais vous serez soumis à la TVA au-delà de 100 000 francs de chiffre d’affaires.

Différence notable, le statut d’indépendant en Suisse permet d’embaucher des salariés afin de leur déléguer certaines tâches.  

La Raison individuelle suisse frontalier : avantages et inconvénients

En Suisse, les créateurs d’entreprise privilégient la Raison individuelle, notamment pour sa facilité de création. En effet, les démarches sont rapides et ne nécessitent aucun capital minimum lors de la création. Cette forme juridique est la plus courante en Suisse, avec près de 326 205 sociétés. Elle convient tout à fait pour exercer une activité commerciale sans restriction et de façon autonome.    

En Raison individuelle, le propriétaire est unique. Il a la possibilité de retirer l’argent de son fonds de pension pour l’aider lors de la création. Le nom de famille du fondateur doit obligatoirement figurer sur la raison sociale de l’entreprise, avec ou sans son prénom.

Les avantages de la Raison Individuelle suisse

Il n’est pas nécessaire d’être domicilié en Suisse pour créer une RI, cependant il faut pouvoir présenter un permis de travail.

En effet, la Suisse accepte la pluriactivité. Elle autorise les salariés français exerçant en Suisse ou en France à avoir le statut d’indépendant en Raison individuelle. 

Les frontaliers déposent une demande de permis de travail (permis G) auprès de l’Office cantonal de la population. Il permet de travailler en Suisse et d’y résider en semaine. La seule condition est de rentrer à son domicile français au moins une fois par semaine.

En dessous d’un seuil de CHF 100 000 de chiffre d’affaires, l’inscription au Registre du Commerce n’est pas obligatoire, la tenue d’une comptabilité est facultative et l’entrepreneur n’est pas soumis à la TVA.

En dessous de CHF 500 000, l’indépendant tient une comptabilité simplifiée affichant les recettes, les dépenses et le patrimoine.

Au niveau de l’imposition, les indépendants frontaliers sont taxés à la source en Suisse. Ils déclarent ensuite leurs revenus en France. L’administration fiscale française prend en compte le prélèvement à la source en Suisse et l’inscrit en crédit d’impôt, ainsi il n’y a pas de double imposition.

En bref : 

  • Possibilité de travailler en Suisse et de vivre en France avec un permis frontalier G pour indépendants,
  • Pas d'inscription au registre du commerce sous les CHF 100'00 de chiffre d'affaire,
  • Non soumis à la TVA sous les CHF 100'000 de chiffre d'affaire,
  • Comptabilité simplifié sous les CHF 500'000 de chiffre d'affaire.

Les inconvénients de la Raison Individuelle suisse

Au-delà de ce seuil de CHF 100 000  de chiffre d’affaires, l’entrepreneur est soumis à la TVA en Suisse et doit déclarer la taxe auprès de l’AFC (Administration fédérale des contributions). Dans le cas contraire, il ne peut pas déduire la TVA présente sur ses factures d’achats professionnels.

Lorsque le chiffre d’affaires dépasse les CHF 500 000, l’entrepreneur est tenu de présenter des comptes conformément aux règles du Code des obligations. 

Au moment de la création de l’entreprise, le freelance doit prouver à la caisse de compensation que son activité est possible et lucrative, et qu’elle a déjà commencé. Il doit donc présenter divers documents lors de l’affiliation : un business plan, les justificatifs de l’ouverture d’un bureau ou d’un atelier, les documents comptables, les contrats, etc. La liste des documents requis est délivrée par les offices cantonaux des migrations.

Le travailleur indépendant doit avoir au moins trois clients pour être reconnu comme tel par les autorités suisses. 

Il assume le risque économique lié à son activité, sa responsabilité personnelle est donc illimitée. En cas de difficultés, son patrimoine n’est pas protégé et les créanciers peuvent saisir ses biens personnels.

En fonction des cantons, la RI ne donne pas droit aux allocations familiales ou de formation ni aux allocations chômage.

Auto entrepreneur frontalier suisse : avantages et inconvénients de ce statut

En tant que micro-entrepreneur, l’indépendant est immatriculé en France et doit respecter le droit fiscal et social français. La gestion administrative est simplifiée, l’inscription de l’activité se fait auprès du Registre national des entreprises directement en ligne par le biais du formulaire P0. 

L’auto-entrepreneur travaille seul et sans associé, embaucher des salariés est peu rentable et très coûteux, même si cela reste possible. Il est affilié au régime de la Sécurité sociale et bénéficie d’une couverture sociale identique à celle des autres travailleurs indépendants.

Les avantages de la micro-entreprise française

Il est possible de cumuler un travail salarié en suisse et de créer une micro-entreprise.

Sans emploi salarié en Suisse, l’auto-entrepreneur peut tout de même y exercer son activité indépendante, mais pour une durée n’excédant pas 90 jours par an. Dans ce cas, il peut travailler sur le sol helvétique sans avoir à demander d’autorisation de travail.

En choisissant le statut d’auto-entrepreneur, le frontalier bénéficie de droits au chômage et du régime commun de la CPAM française.

Les inconvénients de la micro-entreprise française

L’auto-entrepreneur frontalier est soumis à la TVA bien plus rapidement que sous le régime suisse en Raison individuelle. Le seuil de la micro-entreprise française est de 34 400 € en cas de prestations de services et 85 800 € pour les activités de marchandises.

L’accord sur la libre circulation des personnes permet aux auto entrepreneurs de fournir leur prestation de service en Suisse pendant une période maximale de 90 jours sur l’année. Il peut s’agir de trois mois consécutifs ou de périodes ponctuelles de travail. 

Au-delà de 90 jours, l’entrepreneur doit faire une demande d’autorisation de travail et de séjour d’une durée de validité de 5 ans sur le canton où il exerce. 

Du 9e jour jusqu’au 90e jour, le freelance doit détailler les prestations de services qu’il effectue en Suisse par le biais d’une procédure d’annonce. Elle se fait en ligne sur le site du Secrétariat d’État aux migrations, au moins 8 jours avant le début de l’intervention. En cas d’oubli, l’amende peut chiffrer jusqu’à CHF 30 000.

La procédure d’annonce est obligatoire dès le premier jour si l’auto-entreprise relève d’un des secteurs suivants :

  • industrie du sexe ;
  • aménagement paysager ;
  • nettoyage domestique et industriel ;
  • construction (génie civil et second œuvre) ;
  • surveillance et sécurité ;
  • commerce itinérant ;
  • hôtellerie et restauration.

Raison individuelle suisse frontalière Vs Auto-Entrepreneur Frontalier : que choisir ?

La Suisse autorisant la pluriactivité, il est facile de créer une Raison individuelle dans le pays dès que vous avez obtenu votre permis G. Comme l’auto-entreprise, la création de la structure juridique est simple et ne requiert pas de formalités particulières, mais seulement la preuve d’avoir au minimum 3 clients

En choisissant la Raison individuelle, vous ne serez pas limité sur l’exercice de votre profession si votre souhait est de travailler le plus souvent en Suisse, en tout cas plus de 90 jours par an.

Aussi, on ne vous apprend rien, la fiscalité est plus avantageuse du côté suisse, sans compter que le seuil de TVA y est plus élevé.

Selon de récentes études, l’activité est plus pérenne pour les indépendants inscrits en Suisse que pour ceux inscrits en France, quel que soit leur pays de résidence. En effet, la Suisse est un pays à fort potentiel économique où il fait bon développer son business. Maintenant, c’est à vous de choisir !


Ils ont commenté l'article
16 commentaires
oldi10 17/03/2025 14:44
Bonjour, Suis-je obligée de créer une RI pour un travail en free-lance à temps partiel en Suisse ? Je n'ai pas connaissance du nombre de jours où je vais travailler sur le sol Suisse, cela dépendra de la demande de l'entreprise à qui je vais vendre mes services.
Guide du frontalier
Bonjour, Comme vous ne connaissez pas à l'avance le nombre de jours travaillés en Suisse, il est important de : Vous renseigner sur les obligations fiscales selon votre lieu de résidence principale Vérifier si vous atteignez le seuil de 2'300 CHF annuels qui déclenche l'obligation d'inscription à l'AVS Tenir une comptabilité précise de vos revenus et dépenses professionnelles Si votre activité reste occasionnelle et de faible volume, vous pourriez simplement déclarer ces revenus comme activité accessoire dans votre déclaration fiscale, sans nécessairement créer une structure formelle. Il est recommandé de consulter un conseiller fiscal ou un fiduciaire pour obtenir des conseils adaptés à votre situation spécifique, notamment concernant les implications transfrontalières si vous ne résidez pas en Suisse.
el190 16/03/2025 13:02
Bonjour, j'ai un mico-entreprise domiciliée en France et je souhaite travailler en freelance pour une entreprise à Genève 2,5 jours par semaine pour une durée indéterminée. Faut-il que je créée une RI en Suisse et quelles sont les démarches à faire pour pouvoir exercer mon activité dans les règles ? Est ce qu'il est plus intéressant d'exercer cette activité sous le statut de salariée ? Je n'ai actuellement pas de permis de travail en Suisse.
Guide du frontalier
Bonjour, Pour créer une RI en Suisse, vous devez obtenir un permis de travail, généralement un permis G pour les frontaliers. Les avantages de la RI : Pas de capital minimum requis. Flexibilité : Possibilité d'embaucher des salariés et pas de limite de chiffre d'affaires, mais soumission à la TVA au-delà de CHF 100 000. Pluriactivité autorisée : Vous pouvez cumuler cette activité avec votre micro-entreprise en France. Les démarches : Obtenir un permis G : Demander un permis G auprès de l'Office cantonal de la population du canton où vous travaillerez. Inscription au Registre du Commerce : Obligatoire si votre chiffre d'affaires dépasse CHF 100 000. Comptabilité : Tenue d'une comptabilité simplifiée si votre chiffre d'affaires est inférieur à CHF 500 000. Lorsque vous avez une Raison Individuelle (RI) en Suisse et que vous êtes également auto-entrepreneur en France, plusieurs points doivent être pris en compte pour gérer correctement vos obligations avec l'URSSAF. Il est conseillé de consulter un expert fiscal ou un conseiller URSSAF pour clarifier votre situation spécifique et éviter toute erreur administrative.
Olive 14/03/2025 12:59
Bonjour je suis geobiologue en auto entrepreneur en France J’ai des demande de personnes habitant en suisse Comment cela ce passe? Merci
Guide du frontalier
Bonjour, En tant que géobiologue auto entrepreneur en France vous pouvez effectivement travailler pour des clients en Suisse mais certaines règles spécifiques s'appliquent. En tant qu'auto-entrepreneur français vous pouvez fournir vos services en Suisse pour une période maximale de 90 jours par an. Ces 90 jours peuvent être consécutifs ou répartis sur l'année. Si vous dépassez cette limite de 90 jours, vous devrez faire une demande d'autorisation de travail et de séjour d'une durée de validité de 5 ans pour le canton où vous exercez.
ClariRou 07/03/2025 22:00
Bonjour J'ai un micro entreprise en France et l'opportunité de faire quelques jours par mois en Suisse ! Est ce que je dois déclarer quelque chose en Suisse sachant que je ne dépasserai pas les 90 jours car mon employeur décomptera les jours pour ne pas dépasser le seuil. Merci pour votre réponse
Guide du frontalier
Bonjour, Si vous prévoyez de travailler en Suisse avec votre micro-entreprise française sans dépasser les 90 jours par an, vous devez effectuer une déclaration préalable. Voici les étapes à suivre : Déclaration Obligatoire : Vous devez vous annoncer sur le site officiel suisse via le formulaire en ligne disponible à l'adresse https://meweb.admin.ch/meldeverfahren/login.do?lang=fr17. Cette déclaration doit être faite au plus tard 8 jours avant le début de votre activité en Suisse. Informations à Déclarer : Vous devrez fournir des informations telles que le nombre de jours que vous passerez en Suisse, la nature de votre travail, le lieu de réalisation, et votre salaire horaire brut. Résidence Fiscale : Puisque vous ne dépasserez pas les 90 jours, vous ne serez généralement pas considéré comme résident fiscal en Suisse. Cependant, vous serez imposé en Suisse uniquement sur les revenus générés par votre activité en Suisse. Calcul des Jours : Assurez-vous que votre employeur décompte correctement les jours travaillés pour ne pas dépasser le seuil de 90 jours. Chaque jour de travail compte, même s'il ne s'agit que d'une heure. En résumé, une déclaration préalable est nécessaire, mais vous n'aurez pas besoin de permis de travail si vous restez en dessous des 90 jours.
Mkd 06/03/2025 10:13
Je souhaite lancer mon activité de coach sportif, dans un réseau de salle de sport bien établi. Je suis français et je possède déja mon permis G, est il plus intéressant pour moi de créer mon entreprise en France et travailler en suisse ou créer une RI en suisse?
Guide du frontalier
Pour lancer votre activité de coach sportif dans un réseau de salles de sport bien établi, vous avez deux options principales : créer votre entreprise en France et travailler en Suisse avec votre permis G, ou créer une raison individuelle (RI) en Suisse. Voici une analyse comparative des deux options : Créer une entreprise en France et travailler en Suisse Avantages Familiarité avec le marché : Vous êtes déjà familier avec les réglementations et le marché français. Simplification administrative : Vous n'avez pas besoin de vous inscrire au registre du commerce suisse si votre chiffre d'affaires reste en dessous de CHF 100'000. Permis G existant : Vous pouvez continuer à utiliser votre permis G pour travailler en Suisse. Inconvénients Résidence fiscale : Votre entreprise sera résidente fiscale en France, ce qui pourrait entraîner des implications fiscales complexes si vous avez des revenus en Suisse. Double imposition : Risque de double imposition si les revenus sont taxés à la fois en France et en Suisse, bien que des accords de double imposition puissent limiter cela. Créer une raison individuelle (RI) en Suisse Avantages Résidence fiscale en Suisse : Votre entreprise sera résidente fiscale en Suisse, ce qui peut simplifier la gestion des revenus générés en Suisse. Accès au marché suisse : Une inscription en Suisse peut renforcer votre crédibilité auprès des clients suisses. Flexibilité fiscale : Vous pourriez bénéficier de régimes fiscaux plus favorables en Suisse, selon votre situation personnelle. Inconvénients Complexité administrative : Vous devrez vous conformer aux réglementations suisses, ce qui peut être plus complexe si vous n'êtes pas familiarisé avec elles. Inscription au registre du commerce : Obligatoire si votre chiffre d'affaires dépasse CHF 100'000, ce qui peut ajouter des formalités administratives. Conclusion Si vous prévoyez de travailler principalement en Suisse et que vous souhaitez simplifier la gestion de vos revenus générés en Suisse, créer une RI en Suisse pourrait être plus intéressant. Cependant, si vous êtes déjà bien établi en France et que vous n'avez pas l'intention de développer une activité significative en Suisse, conserver votre entreprise en France pourrait être plus simple. Il est conseillé de consulter un expert fiscal pour évaluer les implications spécifiques à votre situation.
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