Quelle augmentation de salaire en 2024 en Suisse ?
Inflation, situation économique, primes de l’assurance maladie : les travailleurs suisses sont confrontés à une augmentation de leurs dépenses malgré une baisse des salaires réels depuis 3 années consécutives. L’Union Syndicale Suisse a donc réclamé une hausse des salaires pour l’année 2024, s’opposant ainsi à l’avis de l’Union Patronale. Alors, quelle augmentation de salaire en 2024 en Suisse ? Suivez le Guide !
Est-ce que les salaires suisses vont augmenter en 2024 ?
Bilan des salaires en Suisse en 2023
Avant de s’interroger sur l’année 2024, il est essentiel de faire le point sur les salaires en Suisse en 2023. En effet, l’organisation syndicale a dénoncé une baisse notable des salaires réels pour la 3e année consécutive, « du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale ». Les salaires suisses en 2023 ont été estimés à 3 % inférieurs à ceux de l’année 2020, malgré un taux de chômage faible et une bonne situation économique.
Afin de freiner la chute du pouvoir d’achat, le Président de l’Union Syndicale Suisse (USS) - Pierre-Yves Maillard a réclamé une augmentation sérieuse des salaires pour 2024.
Les revendications salariales pour 2024
Les Suisses ne veulent donc pas d’une baisse des salaires réels pour la 4e année. L’USS a donc émis ses revendications salariales pour l’année 2024, à savoir :
- une augmentation de 5 % des salaires afin de compenser les pertes de salaires ces 3 dernières années, et pour aider les salariés à faire face à l’inflation toujours présente ;
- un salaire minimum à 5000 francs suisses par mois après une formation en apprentissage ;
- mais aussi une baisse des primes de l’assurance maladie, en constante augmentation depuis la pandémie de Covid-19.
Les réponses de l’Union Patronale Suisse (UPS) ne se sont pas fait attendre : ces revendications ont été rapidement jugées exagérées et non envisageables. En cause, une situation économique qui ne serait pas idéale. L’UPS parle d’une conjoncture actuelle incertaine et d’une fragilité de la majorité des entreprises, affaiblie par les crises des années précédentes (épidémie, guerre en Ukraine, crise énergétique, etc.). Elle dénonce également un indicateur de la situation des affaires du centre d’études conjoncturelles zurichois (KOF) encore en recul et une augmentation significative des taux d’intérêt.
Impact de l’inflation sur l’augmentation des salaires suisses en 2024
L’inflation n’a cessé de progresser en 2023, avec une décrue de 2,6 % en avril à 1,6 % en juillet. Mais qu’en est-il en 2024 ?
L’assurance maladie
Malgré une stabilité de l’inflation annoncée en Suisse pour l’année 2024, les cotisations à l'assurance maladie restent toujours élevées avec une augmentation estimée à 8,7 % en moyenne. L’inflation, qui était l’un des motifs des revendications salariales de l’USS, se justifie avec cette augmentation croissante. Pour elle, une contribution mensuelle de 50 francs suisses devrait être demandée aux employeurs pour participer aux paiements des primes de leurs salariés.
Les prix à la consommation
Du côté des prix à la consommation, le taux d’augmentation de l’inflation est mitigé : selon l’institut BAK Economics, il serait de 1,6 % contre les 2,2 % annoncés par la Banque Nationale Suisse (BNS). Du côté du KOF, elle grimperait même jusqu’à 2,5 %. Ces estimations sont notamment dûes à la hausse importante des loyers, ainsi que du prix de l’électricité et du gaz, mais aussi des marges réalisées par les entreprises sur les produits de consommation pour pallier les pertes des années précédentes.
Les augmentations des taux d’inflation, si elles venaient à se confirmer, annuleraient la grande majorité de l’augmentation des salaires en Suisse en 2023, raison pour laquelle l’UPS a réclamé une hausse notable de 5 %.
Concrètement, ces hausses impliqueraient pour un couple avec deux enfants une perte de 3000 francs suisses sur l’année 2024 (données selon l’UNIA, le plus grand syndicat de Suisse).
Le cas de Genève
Depuis le 1er novembre 2020, Genève possède un salaire minimum. Réévalué chaque année sur la base de l’indice des prix à la consommation (loi cantonale genevoise sur l’IRT - Inspection et Relations du Travail, article 39K), il était déterminé à CHF 24.- brut de l’heure en 2023. Depuis le 1er janvier 2024, le salaire brut de l’heure à Genève est de CHF 24,32. Cela signifie que pour un temps plein (soit 42 heures en Suisse), le salaire brut annuel d’un travailleur genevois passe à 4426,24 francs contre 4368 francs en 2023.
Quels sont les secteurs dont les salaires augmentent ?
Les secteurs en demande
Selon l’organisation de l’assurance-chômage (AC) et du service public de l’emploi Travail.Swiss, tous les salariés quelle que soit la branche devraient pouvoir prétendre à une augmentation des salaires suisses entre 3,5 et 4,5 %. En effet, l’année 2023 a mis en lumière l’augmentation de la productivité des travailleurs ainsi que des bénéfices d’exploitation, sans pour autant avoir constaté une augmentation de leurs rémunérations.
Certains secteurs sont cependant ciblés par ces revendications salariales comme l’artisanat, la branche de la santé et l’industrie MEM (Machines, Équipements électriques et Métaux), Les employés qui disposent d’un salaire bas (moins de 4200 francs suisses mensuels pour un temps plein) sont également visés par ces revendications pour qu’ils puissent bénéficier un revenu mensuel supplémentaire de 300 francs suisses.
L’hôtellerie-restauration valorisé
Le secteur de l’hôtellerie-restauration, toujours en manque de main d'œuvre, devrait bénéficier d’une augmentation de salaire en Suisse estimée à 3,8 %, soit une hausse supérieure à la moyenne d’autres secteurs (données établies par le KOF). Il s’agirait donc du secteur le mieux placé pour bénéficier d’une nette augmentation des salaires suisses, tout en tenant compte de l’inflation estimée en 2024.
Le secteur de l’informatique lésé
Relativement privilégié ces dernières années, le secteur IT ne le sera pas en 2024. En effet, l’augmentation des salaires en Suisse dans cette branche tournerait autour des 2 %.
Même si d’autres branches ne bénéficieront pas de la même hausse et n’atteindront pas les 2 %, le secteur de l’informatique reste le plus lésé en raison de son manque cruel de main-d'œuvre.
Cette augmentation peu notable n'incite donc pas les candidats à se tourner vers les métiers de l’IT, mais plutôt à chercher une branche mieux rémunérée en 2024.
Les autres secteurs
Secteur | Augmentations de salaire attendues en 2024 |
---|---|
Industrie manufacturière | 1,5 % |
Médias | 1,5 % |
Commerce de gros | 1,6 % |
Services financiers | 1,8 % |
Santé et activités sociales | 1,8 % |
Bâtiment | 2 % |
Commerce de détail | 2 % |
Chimie et industrie pharmaceutique | 2 % |
Secteur public | 2,5 % |
En définitive, l’augmentation des salaires en Suisse ne devrait progresser que de 1,9 % en moyenne en 2024, contrairement aux 5 % attendus par l’UPS. Cette augmentation ne pourra pas faire face à l’inflation toujours élevée bien que stable en Suisse, notamment en regard de la hausse des primes de l’assurance maladie. De plus, dans les secteurs manquant de main d'œuvre, cette augmentation de salaire moindre ne sera pas un atout pour attirer les candidats. Espérons donc une revalorisation des salaires en Suisse pour 2025.